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Ajisai – Aki Shimazak

  • Photo du rédacteur: Lespagesdejade
    Lespagesdejade
  • 17 mai
  • 3 min de lecture

🖋 Autrice : Aki Shimazaki

📅 Parution : 2025

🏛 Éditeur : Actes Sud

📚 Genre : Roman contemporain

🌟 Mon évaluation : 4,8/5 – Une justesse silencieuse


Bonjour à toutes et tous,


Je viens tout juste de refermer ce roman. Et quelque chose en moi reste ouvert.

Certains romans ne sont pas faits pour être dévorés. Ils demandent qu’on les écoute. Qu’on les respire. Qu’on les laisse nous traverser comme une saison.

Ajisai, d’Aki Shimazaki, fait partie de ces textes-là.


Dans ce premier tome d’une nouvelle pentalogie, l’autrice poursuit son art du fragment : un récit court, tout en nuances, qui semble ne rien dire, mais qui suggère tout. Il ne s’agit pas ici de raconter, mais de saisir. Saisir un instant. Un trouble. Un glissement intérieur.



Résumé, mais sans trahir


Shôta, jeune étudiant en littérature, mène une vie sans heurts dans un milieu aisé. Mais lorsque ses parents font faillite, il est contraint de se confronter au réel : la précarité, le travail, la perte de statut. Il devient gardien d’une résidence secondaire appartenant à une famille bourgeoise.


Là, dans ce décor feutré, il rencontre Sumiko Oda. Une femme belle, mystérieuse, plus âgée, en instance de divorce. Leur passion commune pour la musique devient un lien. Et peu à peu, quelque chose naît entre eux. Ce n’est ni une histoire d’amour assumée, ni une simple amitié. C’est un état d’entre-deux. Une tension qui n’éclate jamais vraiment. Une incandescence sous verre.


Une œuvre du trouble


Ce que j’ai aimé dans Ajisai, c’est ce flottement permanent. Rien n’est sûr. Tout est suggéré. On ne sait jamais si Shôta projette, fantasme, ou vit réellement cette passion. Et c’est cela qui fait la force du roman : l’ambiguïté.


Shôta est jeune, idéaliste, rêveur. Il veut devenir écrivain, mais ne sait pas encore vivre. Son désir pour Mme Oda est autant charnel que littéraire. Elle devient un déclencheur, un miroir, une échappée. Mais elle, que ressent-elle ? Elle reste opaque, distante, polie. On devine une tristesse, un retrait, mais jamais de déclaration.


Ce déséquilibre — entre celui qui brûle et celle qui échappe — donne au roman son cœur battant. Et Aki Shimazaki le restitue avec une pudeur admirable. Elle n’en dit jamais trop. Elle montre juste ce qu’il faut, puis referme la scène, comme on referme un paravent.


Un style minimaliste, mais habité


Aki Shimazaki écrit avec une retenue qui peut d’abord désarçonner. Les phrases sont courtes. Les dialogues rares. Les émotions passent surtout par les silences, les gestes, les ellipses. Mais ce minimalisme n’est jamais vide. Il est tendu. Concentré.


Chaque scène est épurée jusqu’à l’os. Et pourtant, on sent l’émotion affleurer. On sent la honte de Shôta face à la chute sociale. On sent l’effort de Mme Oda pour rester digne. On sent, aussi, la sensualité diffuse de certaines scènes — jamais crue, jamais appuyée, mais bien réelle.


C’est un roman de surface… et de profondeur. Comme un jardin japonais : chaque élément est posé avec soin, chaque vide est signifiant.


Une lecture sensorielle


Lire Ajisai, c’est aussi se laisser imprégner par une atmosphère. Il y a l’odeur de l’herbe tondue, la texture d’un kimono, le son étouffé d’un piano, la pluie qui tombe dans les feuillages. C’est un livre de sensations, de perceptions, de murmures. On n’y court pas. On y glisse.


Le Japon y est très présent, mais sans folklore. Un Japon discret, quotidien, intérieur. Celui des gestes simples, des silences polis, des émotions contenues.


Pourquoi ce roman m’a marquée


Parce qu’il parle de cette bascule fragile entre l’adolescence et l’âge adulte. Ce moment où l’on veut aimer, créer, exister — mais où l’on n’a pas encore les mots, pas encore les outils. Shôta n’est pas un héros. Il est maladroit, imparfait, parfois égoïste. Mais il est vrai.


Et Mme Oda, elle, représente le monde adulte : complexe, blessé, insaisissable. Elle ne lui tend pas la main. Elle lui tend un miroir. Et il devra apprendre à se regarder.


Pourquoi 4,8/5


Parce que c’est un livre qui exige du lecteur qu’il ralentisse. Il ne s’offre pas facilement. Il ne cherche pas à séduire. Il demande du silence, de la patience, de l’écoute. C’est une très belle œuvre, mais qui gagnera en puissance à la lumière des volumes suivants. Ce n’est pas une fin, c’est un seuil.


Avec calme, trouble et gratitude,

— Jade 😘

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À propos de moi

Jade, une passionnée de livres, et de voyages, partage sur son blog "Les Pages de Jade" ses chroniques littéraires pleines d'émotion, invitant les lecteurs à plonger dans un univers envoûtant où les mots prennent vie. Préparez-vous à être transporté dans un océan de découvertes littéraires et d'aventures enivrantes.

 

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