Des souris et des hommes – John Steinbeck

🖋 Auteur : John Steinbeck

📅 Année de parution : 1937

📚 Genre : Roman social, tragédie, réalisme américain

🌟 Mon évaluation : 4,9/5

Bonjour à toutes et à tous, mes pierres de lecture,

J’ai choisi de vous appeler ainsi parce que, comme la pierre de jade, vous êtes précieux, patients, et profondément liés à l’acte de lire — cette force douce qui traverse le temps et polit nos pensées.

Aujourd’hui, je vous emmène dans une lecture un peu à part. Je lis un classique – oui, un vrai de vrai, un roman qui a traversé les décennies sans rien perdre de sa force.

Et parfois, ça fait du bien… De chroniquer un livre qui ne soit pas pris dans le flot incessant des nouveautés littéraires, un livre qui a eu le temps de vivre, de marquer les esprits, de résonner différemment selon les époques.

Un livre que l’on relit plus qu’on ne le lit, parce qu’il nous regarde autant qu’on le regarde.

🌟 Impression générale

Des souris et des hommes est un chef-d’œuvre de concision et d’émotion. Un récit court, mais dense, tendu comme un arc entre le rêve et le destin, l’amitié et la cruauté. Steinbeck y raconte bien plus qu’une histoire : il capture une époque, il révèle une condition humaine. Avec des mots simples et puissants, il peint le drame silencieux des laissés-pour-compte, des rêveurs abîmés par le monde. On referme ce livre avec un pincement au cœur et une admiration intacte pour ce que la littérature peut accomplir en si peu de pages.

🌼 Résumé détaillé

George et Lennie, deux ouvriers agricoles, traversent la Californie en quête de travail pendant la Grande Dépression. George est petit, vif, protecteur. Lennie, immense et simple d’esprit, ne rêve que de caresser de petites choses douces et d’avoir un jour des lapins à élever.

Portés par un rêve naïf de terre promise, ils trouvent un emploi dans un ranch, où tout pourrait enfin changer. Mais la fragilité de Lennie, sa force incontrôlable et l’hostilité du monde qui les entoure vont peu à peu tisser la toile d’un drame inévitable.

🌸 Points forts

✨ Une amitié bouleversante : Celle de George et Lennie, unique, déséquilibrée, mais profonde. Une fraternité qui résiste à tout, sauf à la brutalité du réel.

✨ Un style dépouillé, ciselé : Steinbeck écrit comme on taille la pierre. Chaque mot est à sa place, chaque silence compte. Il n’a pas besoin d’en dire trop pour bouleverser.

✨ Un roman d’une actualité brûlante : Précarité, exclusion, solitude… Ce que Steinbeck raconte en 1937 résonne étrangement avec notre époque.

✨ Une réflexion morale implicite : Le roman interroge sans juger. Il met en lumière cette tension tragique entre les valeurs humaines (bonté, loyauté) et les lois d’un monde impitoyable.

🌼 Analyse thématique

Le rêve américain en éclats : Le petit lopin de terre auquel George et Lennie aspirent devient le symbole d’un idéal inaccessible. Steinbeck le dresse comme un mirage collectif – beau, mais destructeur.

La violence du monde : Ce roman est peuplé de personnages abîmés, qui survivent comme ils peuvent. La tendresse y est rare, la brutalité quotidienne. Et pourtant, au cœur de ce chaos, il y a des gestes de grâce, des mots d’affection, des regards humains.

La différence et la marginalité : Lennie est “autre”, différent, hors normes. Et c’est précisément cela qui scelle son sort. À travers lui, c’est la peur de l’anormalité, du handicap, qui est mise à nu.

La citation

“Les choses que nous admirons le plus dans l’humain… ne sont que des éléments de faillite, dans le système où nous vivons.”

Elle résume tout le paradoxe du roman : dans un monde fondé sur la dureté, la douceur devient faiblesse. Et ceux qui aiment trop, espèrent trop, sont souvent les premiers sacrifiés.

🌸 Réflexions personnelles

Ce livre m’a bouleversée comme peu d’autres. Parce qu’il ne cherche pas à séduire, mais à dire vrai. Parce qu’il nous tend un miroir d’une rare justesse sur ce que c’est que d’être humain, fragile, dépendant, rêveur.

J’ai été touchée par la simplicité désarmante de Lennie, par la tendresse mêlée d’exaspération de George. Mais aussi par tous ces personnages secondaires – Crooks, Candy, Curley’s wife – chacun enfermé dans sa solitude, dans ses propres chaînes invisibles.

🌸 Petit bémol

Le style dépouillé pourrait désarçonner certains lecteurs habitués à des récits plus détaillés. Mais cette économie de moyens est précisément ce qui donne toute sa force au roman. Il frappe sans bruit, et reste longtemps.

🌸 Conclusion approfondie

Des souris et des hommes est une tragédie miniature, une parabole cruelle et magnifique sur le rêve et la perte, sur la fidélité et le renoncement. Un roman court, mais inoubliable. Steinbeck y interroge les fondements de notre humanité : qu’est-ce qu’aimer ? Qu’est-ce que protéger ? Et peut-on encore espérer dans un monde qui broie les plus tendres ?

🖋 Mot de fin

Je recommande ce roman à toutes celles et ceux qui cherchent une lecture qui fait mal – mais qui fait grandir. Une œuvre de lumière au cœur de la noirceur, qui dit beaucoup sur nous, sur nos sociétés, et sur ce que nous sommes prêts à sacrifier pour continuer à rêver.

À bientôt pour d’autres lectures qui secouent l’âme.

— Les Pages de Jade ♥️